En cette Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD), la question de la digitalisation de l’entreprise est au cœur des débats. De nombreuses entreprises se sont déjà positionnées en faveur de la sobriété numérique, une manière plus responsable d’utiliser les outils digitaux.
Nous vivons une ère où l’épuisement des ressources naturelles, la prolifération des ressources non recyclables ou difficilement recyclables, l’intensification de nos déplacement et mode de consommation sont devenus des préoccupations majeures. Il est désormais certain que ces multiples facteurs sont les causes des pics de pollution que connaissent les grandes villes mais également, à plus grande échelle, du réchauffement climatique.
Mais qu’en est-il du numérique ? En quoi le développement des nouvelles technologies peut-il être dangereux pour l’environnement ? Pourquoi la digitalisation des pratiques en entreprise n’est-elle pas LA solution à la réduction des déchets ?
Le numérique, pollueur comme le plastique
Plus on « dématérialise », plus on utilise de matière et d’énergie. Afin d’illustrer notre propos, prenons deux exemples concrets de l’impact majeur du numérique sur l’environnement.
1 – La production d’un ordinateur portable.
Sa conception requiert l’utilisation de dizaines de métaux différents, en provenance du monde entier :
- Du tantale au Congo ;
- Du lithium en Bolivie ;
- De l’or en Australie ;
- De la terre rare en Chine ;
- Etc…
L’extraction de tous ces minerais est extrêmement coûteuse en énergie fossile, en eau et en ressources. Autrement dit, avant même d’être utilisé, l’ordinateur émet autant de CO2 que si vous alliez à New-York en avion.
S’ajoute à tout cela un rapport de l’ONU de 2013, indiquant qu’environ 75% des déchets électroniques échappent aux filières légales de recyclage. Ils sont exportés illégalement en Chine, en Inde ou en Afrique et terminent leur vie dans des immenses décharges à ciel ouvert.
D’ailleurs, il est important de noter que la production d’un appareil émet autant de gaz à effet de serre lors de sa production que durant son utilisation pendant 10 ans !
2 – Le streaming vidéo
Aujourd’hui, il représente à lui seul 60% des flux de données sur internet en raison du poids des fichiers. Le développement a vitesse grand V des plateformes de Video On Demand (VOD) telles que Netflix, Amazon Prime, Disney+, …
Saviez-vous que regarder un film comme Pulp Fiction en très haute définition (4K) sur Netflix, près autour de 10 giga octet, soit 300 000 fois plus qu’un email sans pièce jointe (30ko).
Cette pollution numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Plusieurs chiffres sont assez parlants et alertent sur l’évolution de l’impact du digital dans la pollution mondiale :
- L’utilisation d’Internet dans le monde émet 1,5 fois plus de gaz à effet de serre que le trafic aérien ;
- 90% des datas mondiales ont été produites sur les deux dernières années ;
- Le numérique consommait 30% de l’électricité en 2020. Cette consommation aurait doublé en 2021.
- Si le numérique était un pays, ce serait le 5e plus gros pays émetteur de CO2 !
Finalement, nous avons tous un impact sur la pollution numérique en tant qu’entreprise ou collaborateur. Nous utilisons des appareils numériques et les renouvelons régulièrement, nous stockons sur différents cloud, nous utilisons des logiciels et applications, nous envoyons des mails, effectuons des recherches sur Internet.
Nous avons cependant la possibilité de réagir et diminué notre empreinte grâce à des astuces simples.
Devenir un écocitoyen jusqu’au bout du numérique.
Habituellement utilisé dans le cadre des pratiques « Zéro Déchets », il est possible de suivre la démarche des 5R pour réduire sa pollution numérique. Les écogestes sont répertoriés en 5 grandes familles de règles, classées des plus aux moins impactantes.
- Refuser la « mode » technologique et lutter contre l’obsolescence programmée en refusant de remplacer son équipement encore fonctionnel.
- Refuser les modèles dominants en protégeant sa vie privée et refusant la prolifération de données à notre insu.
- Réduire son empreinte numérique sur le web.
- Réduire sa consommation de données (notamment le streaming vidéo).
- Réduire sa présence sur Internet (si inutile).
- Réduire la consommation électrique de ses appareils.
- Réutiliser son matériel encore fonctionnel.
- Réutiliser les ressources numériques qui sont déjà en notre possession.
- Recycler son matériel en le déposant dans des points collectes de déchets.
- J’inclus la sobriété numérique dans mes apprentissages.
Je souhaite aborder la question de la sobriété numérique avec mes collaborateurs :